A l’extrémité orientale des Beni-Zéroual, entre Aïn-Berda et Timezgana, sur la frontière de Mthioua, s’élève un monticule isolé, couvert d’arbres et de hameaux. Creux à l’intérieur et il s’étend assez loin dans la plaine, parallèlement au Djorf el-Bahrnout. On lui a donné le nom de Kèf-Arous. (Le pic du fiancé). Sous l’immense coupole naturelle, est endormie, dit-on, une ville souterraine remontant à la plus haute antiquité.
Les Beni Zéroual, ont aussi leurs spéléologues, 4 ou 500 hommes de la Zaouiya d’El-H’arnrnoumi résolurent d’explorer les flancs de la mystérieuse montagne. Les t’aleb de la contrée prétendaient avoir lu dans les livres que le Kéf recélait des monceaux d’or et d’argent abandonnés l par les Romains. Ils citaient les noms de nombreux individus, enrichis tout d’un coup grâce aux trésors trouvés dans l’énorme caverne. On savait aussi que plusieurs aventuriers, après y avoir pénétré, n’en étaient plus ressortis. Il fallait donc, pour éviter un malheur, y aller en grand nombre. On emporta des cordes, des pioches, des lampes à huile. On prit toutes les précautions nécessaires en vue d’avoir constamment de la lumière, car un vent violent souffle sans discontinuer, paraît-il, dans les entrailles de la montagne. L’expédition s’engouffra tout entière dans la caverne en psalrnodiant des versets du Coran. Dès qu’on fut dans l’obscurité, le vent se fit sentir en effet, un vent froid, qui les fit tous frissonner. Des lampes furent éteintes. On serra les rangs afin d’opposer des murailles vivantes au souffle impétueux de l’ouragan. Et l’on allait toujours de l’avant, en s’excitant mutuellement, en invoquant la Divinité et les principaux saints de l’islam. Enfin, la tête de la colonne arriva au bord d’une rivière profonde, rapide, qu’il fut impossible de traverser. Toute la troupe s’arrêta et put voir, de l’autre côté de l’eau, à la lueur incertaine des mèches fumeuses, des constructions, des remparts, des maisons, toute une cité endormie là depuis des siècles. Le vent, qui s’était calmé un instant, redoubla tout à coup de violence, soufflant en tempête, éteignant les lampes, portant par ses mugissements la terreur dans les âmes les plus intrépides. Ce fut alors une débandade, un sauve-qui-peut général. Plusieurs des membres de l’expédition ne reparurent jamais. Le monstre avait encore dévoré de nouvelles victimes. Mais la terrible leçon ne profite à personne; nombreux sont les imprudents, attirés par l’appât de l’or, qui entrent chaque année dans la terrible caverne et n’en ressortent plus.